En territoire kôlam

Quelques articles (ici et ici) de ce blog portent sur le kôlam, ça n’est pas sans raison. Depuis quelques mois maintenant, je construis un terrain sur ces dessins. D’abord à travers les écrits, que ce soient des articles, des livres ou des forum et autres pages web. Puis, en contactant des chercheurs, notamment Chantal Jumel (en anglais et en français). Enfin, en allant voir ce qui se passe du côté des écoles qui parlent du kôlam. C’est cet aspect du kôlam qui m’intéresse le plus : comment est-il utilisé dans l’éducation ? En voilà une brève présentation, mais d’abord voyons voir à quoi ressemble le kôlam….

La multiplicité du kôlam

Je me concentre sur les institutions éducatives en France qui utilisent ou ont utilisé le kôlam. Les professeurs, personnels pédagogiques, voient dans le kôlam des aspects artistiques et aussi des aspects mathématiques. Leur mode de connaissance du kôlam, leur appropriation, la  représentation qu’ils s’en font, leurs intérêts pour ce dessin varient grandement. Par exemple la question « Qu’est-ce qu’un kôlam ? » suggère aux acteurs de ce terrain différentes définitions, parfois recouvrant d’autres types dessins, en particulier les rangolis. Cette définition « flottante » du kôlam me laisse une certaine liberté, ce que je n’avais pas considéré comme « kôlam » pendant l’élaboration de mon enquête, l’est pour les personnes avec qui je travaille. La catégorisation que j’avais faite entre kôlam et non kôlam, à partir des discours a priori locaux, ne vaut pas en tout temps et en tout lieu. En contre partie de cette liberté, il faut définir à chaque fois rigoureusement ce que l’on entend par le terme « kôlam » : de quoi parle-t-on ?

Jeu expérimental et cognition

En introduction, j’évoquais l’utilisation du kôlam dans l’éducation. Cette formulation possède deux déclinaisons. La première est d’abord centrée sur une temporalité, le moment où l’on apprend le kôlam, c’est-à-dire : les premières confrontations (matérielles et/ou symboliques) au kôlam, la mémorisation, une activité intellectuelle réflexive sur cet objet, la compréhension du kôlam dans son ensemble. La seconde déclinaison, c’est l’utilisation du kôlam comme outil d’apprentissage. Elle questionne d’avantage la place du kôlam par rapport à d’autres savoirs aussi divers que variés. Par exemple : comment transformer ce dessin pour apprendre le calcul matriciel ? Ou encore, quel rôle a le kôlam dans l’éducation au genre ?

Alors bien évidemment, certaines des orientations de mon travail se font selon mes propres intérêts, notamment les ethnomathématiques et les sciences cognitives. Ces deux principaux axes mettent en dialogue les deux déclinaisons, décrites plus haut. D’un côté, il s’agit d’étudier et de comprendre comment on apprend le kôlam, d’un point de vue cognitif et anthropologique. De l’autre, il s’agit de faciliter l’apprentissage des mathématiques avec le dessin, en s’appuyant sur une étude cognitive de l’apprentissage du kôlam et des mathématiques.

Enfin, tant d’un point de vue pratique, puisque ce terrain est construit autour d’élèves (à partir de la maternelle), que téléologique, mon outil principal est le jeu. Le jeu permet de capter plus facilement l’attention des élèves, il favorise le sentiment d’amusement, il limite le sentiment d’échec (« ce n’est qu’un jeu ») tout en alimentant l’envie de réussir. Le jeu peut aussi être propice à la collaboration, lorsqu’il n’est pas designé dans le « jouer contre » mais dans le « jouer avec ». Il est évident que tous ces paramètres sont souhaitables dans l’enseignement. A ce jour, il n’y a pas de jeu éducatif sur le kôlam (mis à part le jeu de plateau développé par S. NARANAN 2017), ce sont donc plusieurs jeux expérimentaux qui vont voir le jour au cours de cette étude.     

Conclusion

A partir des définitions du kôlam des acteurs, nous allons donc créer ensemble des jeux pédagogiques qui leurs soient utiles et qui soient réutilisables dans l’enseignement des mathématiques. Ce processus de création est conjoint à une étude anthropologique sur les aspects cognitifs et mathématiques du kôlam.

Je finirai cette rapide présentation de mon terrain avec un appel à collaboration. Je suis ouverte à des contributions ponctuelles ou plus intenses de professeurs et étudiants en mathématiques, qui souhaiteraient ouvrir leur enseignement aux pédagogies alternatives. Il serait intéressant de travailler principalement sur le kôlam, qui est actuellement mon objet d’étude. Néanmoins, je serai curieuse d’aller « voir ailleurs », ayant déjà travaillée sur les origamis ou bien sur toute autre chose comme des sangakus etc. Vous pouvez me contacter par mail : contact@anthropoline.fr .

Références

NARANAN, S., 2017, « A BOARD GAME FOR KOLAM DESIGNS », site consulté le 2 novembre 2019 « http://vindhiya.com/snaranan/fk/Boardgame%20for%20Kolams%20rev8.pdf »

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