Coup de jeune pour les mathématiques ?

Nouvelle réforme pour le lycée. Lors de la rentrée 2019 les ex-élèves de 2nde vont choisir 3 enseignements de spécialité pour leur année de 1ère, et en choisiront 2 pour leur année de Terminale. Plus de bac S, L, ES, le bac de 2021 est plus à la carte et certains enseignements donnent l’espoir d’un décloisonnement des savoirs.

Dans le précédent article, je me penchais sur l’enseignement « Humanité, littérature et philosophie ». Dans celui-ci il est question de l’enseignement des mathématiques. Dans une émission France Culture, le mathématicien Michel Broué parle de l’universalité de l’activité mathématique. En même temps, il émet des doutes sur le caractère « à la carte » de la réforme, qui ne ferait plus des mathématiques une discipline centrale, comme le serait le français. En effet, les mathématiques sont comprises dans l’ « Enseignement scientifique », et ne sont disponibles « seules » que dans l’enseignement de spécialité « Mathématiques » . Souad Ayada, présidente du Conseil supérieur des programmes et philosophe, souligne, de son côté, que les mathématiques restent un enseignement fondamental et/ou de spécialité (et non, optionnel).

L’aspect fondamental et universel de l’activité mathématique invite à une réflexion sur ce que l’on appelle, en Occident, mathématiques. Les mathématiques formalisées en Occident ont permis un certain nombre de découvertes, Michel Broué prend l’exemple de la réfutation des théories platistes. Cependant, il faut éviter de tomber dans un biais ethnocentrique. Il existe d’autres types de savoirs mathématiques, qui permettent par exemple d’interpréter les logiques du monde (divination Sikidy à Madagascar), d’autres pratiques mathématiques, qui sont corrélées au développement d’autres disciplines (formules de harpes nzakara en Afrique centrale).

Ce biais ethnocentrique, qui admet les mathématiques occidentales comme seules « vraies » mathématiques, est évitable par une initiation à l’histoire des mathématiques (et des sciences de manière générale). C’est ce que semble proposer Michel Broué, un enseignement des mathématiques qui prenne en compte l’histoire de leur formation et leur aspect ludique. Il existe bien des jeux à rationalité mathématique rendant accessible des notions, qui, parfois, semblent trop abstraites, trop compliquées à maîtriser (parmi ces jeux, les origami, les sangaku, les kolam, etc.). Sortir des sentiers battus, accueillir les mathématiques là où on ne les attend pas forcément, c’est comprendre l’universalité des mathématiques et leur multiplicité.

Cette réflexion sur l’enseignement des ethnomathématiques offre de belles perspectives, pour mieux initier l’esprit à la rationalité mathématique.

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